Les bourses mondiales se sont affolées suite aux annonces de la propagation du Covid19. Le confinement a eu un impact désastreux sur l’économie, dont les conséquences sont encore difficiles à cerner.
Lorsque les premiers cas sont apparus en Chine, ma réaction était conforme à celle des boursiers en général. C’est à dire d’estimer qu’on n’en parlera bientôt plus et que tout repartira rapidement sur la même pente ascendante. Les boursiers sont d’un naturel optimiste, un peu comme les joueurs pathologiques.
Les quelques gourous prédisant un krach depuis des années ont forcément raison de temps en temps, mais sur le long terme, la dynamique de la tendance est haussière.
La bourse, c’est aussi un métier. Les conseillers boursiers en imposent avec leur savoir. C’est assez facile d’impressioner avec des termes techniques, de l’analyse graphique, des histoires d’investisseurs devenus riches grâce aux bons conseils, de la stratégie et de bonnes décisions. Les lettres boursières font miroiter des performances mirobolantes à leurs lecteurs. La bourse flatte l’ego des hommes qui rêvent d’être supérieurs aux autres.
Les bénéfices financiers permettent de constituer un patrimoine pour sa retraite, de moins travailler en ayant davantage de temps pour soi, d’avoir un meilleur sentiment de sécurité par une aisance matérielle accrue.
Mes premiers pas d’investisseur ont eu lieu en 1997. C’est devenu rapidement de la spéculation pure et dure sur le future du CAC 40, en vendant essentiellement des options Put sur l’indice. Cette stratégie peut rapidement amener une faillite personnelle. On vend des options Put à une contrepartie à échéance en général d’un à trois mois. Si l’indice plonge comme dans le cas de 9/11, la valeur des Puts peut se multiplier par 100 en une journée. Vendre un lot de Put à 1’000 euros peut donc coûter 100’000 euros à rembourser.
Mon portefeuille boursier était une usine à gaz… Non seulement par la complexité et le risque induit de la pyramide d’options en jeu, mais également par le fait que j’avais acheté des actions à risque avec effet de levier. Je dormais mal, en me réveillant parfois la nuit pour suivre le cours du Nikkei, anticipant la réaction en France à venir. Lorsque les cours baissaient rapidement, je composais un numéro de renseignement de cours en temps réel depuis mon travail, risquant le licenciement… Je fumais pour évacuer le stress. Heureusement, j’avais fortement réduit mes activités avant 9/11.
La France n’aime pas les capitalistes. L’argent gagné en bourse est suspect, les dividendes sont honnis comme étant un moyen de s’enrichir sur le dos des travailleurs. Pourtant, le capitalisme est l’essence de notre bien être matériel.
Aujourd’hui, les vendeurs de rêve boursier n’ont pas disparu. La spéculation sur le Bitcoin a permis de multiplier certains engagements par 100 en quelques années.
Il existe des sites de trading automatiques au marketing bien rôdé.
Certaines actions américaines ont des performances défiant le bon sens. Tesla est devenue la société de construction automobile la plus valorisée au monde, alors qu’elle vend dix fois moins de voitures que la société à la deuxième place. Le capitalisme américain déverse des milliards dans ce genre de sociétés par le biais de fonds de pension ou d’investissements directs.
Il faut dire que les Américains sont les plus forts du monde pour appliquer efficacement les recettes du capitalisme. Non seulement au point de vue de l’ingéniérie financière, mais également pour le management des employés de leurs sociétés, la fixation des objectifs ambitieux et l’application d’un excellent marketing à l’écoute des clients.
Que le monde devienne meilleur grâce aux progrès induits par l’introduction de nouveaux produits ou technologies est un fait de plus en plus remis en cause. Les ressources ne sont pas infinies.
Notre portefeuille boursier est maintenant constitué à 100% d’actions françaises de qualité, diversifié dans plusieurs secteurs. L’objectif à long terme est devenu plutôt le rendement que la plus-value. Je pense que les années fastes sont derrière nous.
Un scénario noir pourrait être un deuxième tour des présidentielles Le Pen – Mélenchon en 2022… À suivre…